par Jean Quilleret, co-créateur.
1996 :
Je joue régulièrement au Monopoly avec Guillaume, mon fils
de 9 ans. Une bonne partie de la planète ( du moins la partie riche
) connaît ce jeu très populaire. Bien que très critique
par rapport aux valeurs véhiculées, j'éprouve un
certain plaisir à entasser les billets.
Ce jeu est l'archétype de notre société : à
la fin 1 joueur a tout le magot, la plupart sont ruinés, 1 ou 2
subsistent entre "deux eaux".
En juin, sans la prendre vraiment au sérieux, l'idée germe
en moi de développer :
- un jeu où gagner ne serait pas synonyme de "bouffer"
l'autre, invitant à des comportements plus respectueux de l'autre,
de soi-même, de son environnement
- un jeu qui ramène à la matière et/ou aux éléments
premiers…le bois, … la terre, l'air, l'eau, le feu
Je connaissais très mal le milieu du jeu en général,
les jeux existants en particulier. Je parle de ma lubie à Pascal
Robert, un ami d'enfance. Nous essayons quelques jeux dit de "coopération"
sans grande conviction : souvent peu ludiques, ces jeux incitent les joueurs
à faire front ensemble contre "le mal". Ce n'était
pas l'idée que je me faisais de la coopération : rechercher
une harmonie pour vivre ensemble, y compris avec "le mal", ce
qui n'exclut pas l'émulation ( gagner avec ), concept différent
me semble-t-il de la compétition ( gagner contre ).
Une chose est sûre : créer un jeu nous paraît très
compliqué, l'éditer et le distribuer encore plus !
Une nuit de début septembre, alors que Pascal s'occupait de son
fils Corentin, qui avait quelques mois, il est "frappé par
la révélation": en 1/2 heure, il va dessiner les croquis
d'un jeu et écrire confusément les règles !!!
Le lendemain matin, il fait une maquette en carton,… et ça
a l'air de marcher ! Plus que perplexe, à la fois par le vécu
de la nuit et par le résultat, il m'appelle.
Nous jouerons la première partie le mercredi 11 septembre !
Ça marche !
Et la coopération dans tout cela ? voir "
ORAÏA,
un jeu coopératif ?"
Et les éléments dans tout cela ? voir "
ORAÏA
et les éléments"
L'aventure ne faisait que commencer ! GAÏA était né,
GAÏA déesse de la terre, GAÏA le premier nom du jeu,
avant qu'il devienne ORAÏA en juillet 1998.
Notre entourage immédiat, s'essayant à jouer sur les maquettes
en carton, est plutôt enthousiaste.
Prudents, nous souhaitons objectiver cet accueil positif : nous faisons
tirer une présérie de 500 exemplaires, nous la présenterons
en tête de gondole de la grande surface de Vichy -CORA -, du vendredi
13 décembre au dimanche 15 décembre, dans des boîtes
à pizza ! ( au passage, merci Monsieur le Directeur, vos "collègues"
détaillants vichyssois, à qui nous avions réservé
la priorité, ont décliné la proposition ! ).
Résultat : 50 jeux vendus en 1 semaine à CORA, 200 jeux
vendus en 1 mois ( du 15 décembre au 15 janvier ) dans les quelques
magasins auvergnats qui ont finalement accepté.
Janvier 1997 :
Pascal et moi, nous allons "traîner nos bottes" au Salon
International du Jouet à Paris, à la recherche d'un éditeur.
Nous rencontrons des gens comme Pierre LAURA, directeur d'HASBRO : "
Intéressant, mais nous ne pouvons l'éditer, le marché
est trop étroit; quand vous en vendrez 30 000 exemplaires par an,
revenez nous voir !", Michel LALET - créateur-éditeur
d'ABALONE : " Creusez votre sujet, la solution est devant vous, dans
le jeu !", les frères GIRES des éditions GIGAMIC :
" On étudie …" et bien d'autres.
Au final, aucun éditeur français ne prendra GAÏA/ORAÏA.
Mais, nous avons appris une chose au Salon International du Jouet de Paris
: il faut mettre sur la table (de jeu, bien sûr !) minimum 300 000
F ( environ 46 000 euros ) pour auto-éditer un jeu ! …. Avec
très, très peu de chance de récupérer la mise,
sans parler de gagner des sous !
Juillet 1997 :
2ème festival de Besançon " Fête vos jeux ",
toujours avec nos jeux dans des boîtes à pizza !
Nous avons remporté la Boucle de bronze, autrement dit la 3ème
place. Vous verrez, on sera des habitués de la 3ème place.
Vous pourriez dire "Que la 3ème place !!!". Oui, mais
avec un jeu de stratégie abstrait, ce n'est pas si fréquent
!
Janvier 1998 :
Encore hésitant sur les 300 000 F, Pascal et moi décidons
de finir de "tâter le terrain" en prenant un stand au
Salon International du Jouet de Paris. Un bon accueil de la part des ludothécaires
et des magasins détaillants.
Nous avons reçu le 3ème prix du Concours Lépine !
Comme Pascal et moi, nous avons "un grain", nous franchissons
le pas en juin 1998 pour éditer ORAÏA. Ah oui, j'oubliais
de vous dire que pour cause de nom déjà pris, GAÏA
est devenu ORAÏA (Adjectif grec signifiant "arrivé à maturité, qui est de saison" et aussi "beau, charmant", dérivé du nom ora, "la periode, le temps".) à cette occasion.
Nous embarquons cinq copains/amis dans l'aventure pour créer ABAX
édition Jeux (Abax, en grec ancien, signifie : la petite table de jeu), la société qui va encadrer l'édition
et la distribution. Nous ouvrons notre bureau à Cusset, prés
de Vichy … et de chez Pascal Robert.
Comme vous pouvez le constater, on fait beaucoup dans le grec ancien :
Alain, l'un de nos associés, a frappé deux fois !
Je passe sur les détails de nos déboires de fabrication.
Deux séries seront tirées avec plus ou moins de bonheur…
et si je suis franc, avec vraiment pas beaucoup de bonheur. A l'automne
99, nous sortons une 3ème fabrication qui techniquement tient la
route et qui est toujours d'actualité ( votre avis sur l'esthétique
nous intéresse,
je contacte les créateurs).
Quant à la version géante, nous sortons la 1ère série
en décembre 1998. Quasiment du début, nous trouverons les
bons interlocuteurs et les bonnes méthodes. Le design n'a pas changé
depuis (là aussi, à vos claviers ,
je contacte les créateurs).
De septembre 1998 à la fin de l'année 2000, les salons publics
et festivals de jeux s'enchaîneront : Ludoland à Angoulême,
Salon du jouet à Lyon, Ludexpo , Festival de Parthenay, Salon du
jeu à St Gall en Suisse, à Essen en Allemagne, à
Bruxelles, à Montpellier, Vals Les Bains, Châlon sur Saône,
… et de nombreuses autres manifestations, très souvent portées
par nos amis ludothécaires. Au passage, un grand merci à
tous pour leurs qualités d'organisation et la chaleur de leur accueil
!
Dans le même temps, ORAÏA s'installe dans prés de 200
magasins spécialisés en France, Suisse, Belgique, Allemagne,
Suède, Norvège, …mais nous n'arriverons pas à
élargir ce "cercle". Un autre grand merci aux commerçants
qui vendent des jeux en les montrant et en les expliquant, et qui ne se
contentent pas de vendre des boîtes.
Quant aux salons professionnels, nous referons le Salon International
du Jouet de Paris en janvier 1999 … et nous tiendrons un stand à
Nüremberg ( Allemagne ) en novembre 1999 !
Géant ! Si vous vous intéressez au jeu de façon professionnelle,
allez à Nüremberg !
Quelques semaines plus tôt à Essen ( salon public ), ORAÏA
avait été repéré par des membres du jury du
" Spiel des Jahres" ( le jeu de l'année ). Cela se confirmera
à Nüremberg. Mais, semble-t-il, après de longs palabres
sur un point de la règle entre autre, ORAÏA sera écarté
de la sélection.
Nos espoirs de distribution européenne, digne de ce nom, s'amenuisent
du moins à court terme; du même coup, la perspective de rentabiliser
notre travail d'éditeur aussi.
2001 à 2005 :
Nous décidons de réduire les frais au strict minimum. Notre
bureau de Cusset sera déménagé pour venir chez moi.
Nous cessons de parcourir la France et l'Europe pour présenter
nous-mêmes ORAÏA. Par contre, nous continuons à répondre
avec le même plaisir aussi bien aux commandes bien sûr, qu'aux
propositions de nos amis ludothécaires et autres associatifs de
présenter eux-mêmes le jeu lors de leurs manifestations publiques
( voir l'
Espace ludos/écoles
). Nous les remercions de nouveau bien vivement !
Début 2002, nous transmettons la distribution d'ORAÏA à
Mireille LALOUE, une jeune distributrice de jeux d'auteurs. Pour convenances
personnelles, elle cesse son activité fin
2002.
Nous reprenons jusqu'à nouvel ordre notre triple rôle
de créateurs-éditeurs-distributeurs.
Septembre 2005 :
création de ce site, enfin ! Nous avons été long
à nous y mettre. Mais, ça y est, il est fait !
Merci à Emilie, Joan et Romain pour leur travail et leur patience. Sans
eux, ce site n'aurait pu voir le jour !